Il y aurait une langue, remontant du passé et capable de faire tomber les masques ; une force dont on ne saurait se lasser, secret murmure nous glissant à l’oreille : « Voici ce qu’ils sont, et voici ce que nous sommes… » Il y aurait cette écriture amoureuse de la complexité des êtres, celle de Marivaux, qui partage avec son public les stratagèmes dont il use afin de mettre à nu une société plus habile à mentir qu’à dire la vérité. Et il y aurait une intrigue. Elle a ici pour battement le jeune Dorante désireux de conquérir le cœur d’Araminte, riche veuve séduisante et pour laquelle il a un plan : se faire engager comme sin intendant. Avec l’aide de son ancien valet Dubois, il met en place intrigues et lettres anonymes et le jeu commence : tous les personnages ont recours aux fausses confidences, tous jouent la carte de leurs intérêts. Mais la langue de Marivaux est un puissant levier qui écorne les élégances et dévoile les vices. Superbement servis par le talent d’Alain Françon et sa fabuleuse distribution, l’être et le paraître s’y entremêlent en une valse qui étourdit et met en joie. Ne reste alors qu’une seule question : finalement, quelqu’un a-t-il dit vrai ?
